Aujourd’hui, les travaux menés par l’école des Annales font l’unanimité et les traces matérielles d’une activité du passé sont donc considérées comme une source de l’histoire au même titre que l’archive. En revanche, la démarche expérimentale qui vise à vérifier la validité d’une hypothèse en la testant dans le cadre d’un protocole reproductible ne s’inscrit pas encore systématiquement dans la méthode historique, hormis dans le champ disciplinaire de l’archéologie expérimentale où elle est dorénavant répandue pour la préhistoire et la protohistoire. Pourtant, cette façon de mettre à l’épreuve des sources est un moyen de vérifier le bien-fondé d’un raisonnement historique. De surcroît, la démarche expérimentale est un recours lorsqu’il s’agit de combler l’absence de traces d’une activité du passé, et tout particulièrement dans le cas de recherches consacrées au savoir-faire lié aux métiers.
Depuis quelques années, le dialogue entre l’histoire et l’archéologie d’une part, d’autres champs disciplinaires ayant l’expérience inscrite au coeur de leur démarche scientifique d’autre part, s’est renforcé. Toutefois, aucun cadre théorique et conceptuel n’a encore été établi à ce sujet. Un protocole qui permettrait d’exploiter les principes fondamentaux de l’expérimentation dans les sciences humaines et sociales est donc à élaborer. Celui-ci doit à la fois permettre d’optimiser l’exploitation des données issues de la reconstitution des activités du passé et permettre d’améliorer l’évaluation des travaux prenant appui sur les données ainsi collectées.
Conduit par un comité de pilotage pluridisciplinaire (sciences humaines et sociales, sciences de la matière, sciences de la terre), le projet ExpHist a donc pour objets l’identification et la définition d’une série de critères nécessaires à la mise en oeuvre de la pratique expérimentale dans le champ des sciences humaines, qu’il s’agisse par exemple des corpus de sources à mobiliser, ou encore de la manière d’organiser la chaîne de collaboration entre des chercheurs issus de différentes traditions disciplinaires ; l’élaboration d’un cadre de validité de la démarche expérimentale commun à plusieurs disciplines afin de permettre la collecte et l’analyse collective des données. Les expériences ainsi conduites concerneront deux domaines principaux : la production de pain dans l’Antiquité et l’écriture de l’histoire du patrimoine matériel et immatériel du spectacle vivant au XIXe siècle.
L'expérimentation, un matériau de l'histoire. ExpHist
Site web:
https://www.openedition.org/17694
Porteur:
Laboratoire:
Financement:
Année:
2015
Axes de recherche: