Mélodie « à retenir » : Quelques notes à propos du rôle de l’improvisation dans le domaine des sciences humaines ; Arthur Octavio Dutra Carvalho Reis ; GRHis

Dans le livre «Approches de la réception», Georges Molinié et Alain Viala affirment que « La finalité du discours scientifique, s’agissant de sciences humaines, est de poser des conditions d’existence de l’objet, c’est-à-dire de spécifier par rapport à quel type de relation (artistique, commerciale, réglementaire, etc.) il est appréhendé dans son existence usuelle ».
Nous serions, donc, en sciences humaines, en train de réfléchir à propos d’un objet étant « appréhendé dans son existence usuelle ». On entrevoit, donc, les effets de relativité et d’omnipotence de la réception en face de ce qui est produit en fonction d’un usage. Donc, non seulement nous serions dépendants des existences usuelles des objets artistiques, mais, aussi, nous nous intéresserions par la pertinence de ceux-ci. En posant la question sur les conditions de possibilité des objets, nous laissons sans réponse la question sur la pertinence des objets que nous n’étudions pas. Faut-il rappeler que nous serions dans ce sens à un pas de laisser ouverte la question sur la condition d’existence de l’art elle-même ?
Néanmoins, c’est le rôle des sciences humaines de protéger non seulement les objets usuels, avec qui nous entreprenons déjà une relation (qui, comme disent Molinié et Viala, peut-être artistique, commerciale, etc.), mais aussi la pratique et la création artistique elle-même. La possibilité de produire de sons, même que sans une connaissance approfondie. Cela peut se rapporter, à notre avis, à l’idée d’une réception pure. Elle peut protéger l’improvisation des auditeurs et la propre existence de l’art. L'idée d'une improvisation pure consiste à ne pas vouloir tout simplement se conformer à une attente. Cette attente, qui serait celle d'une satisfaction esthétique prédéterminée, se substituerait par une pratique qui cherche elle-même à élargir ses limites en traitant chaque son comme s'il était créé toujours pour la première fois. Il se passe que personne d'autre que ce qui produit un son pour la première fois est plus proche d'une telle expérience.
Concernant les recherches en sciences humaines autour de la notion de réception musicale, donc, faut-il encore se demander si la première prise de contact d’un auditeur avec un objet musical « jamais écoutée » n’aurait aucune importance pour l’histoire musicale d’une époque ? Cela doit être considéré comme un objet de recherche tout à fait important, qui fait partie de l’histoire de la transmission musicale. Ainsi, en étudiant non seulement les objets artistiques, mais aussi ces simples expériences initiales de contact avec la pratique musicale, j’ai la conviction que nous contribuons beaucoup aux recherches dans le domaine musical en sciences humaines. En le faisant, les formes d'art qui n’existent encore seront aussi protégées.

 

Mots clés : musicologie ; improvisation ; réception musicale