Agent virtuel et handicap

Ces dernières années l’essor des dispositifs numériques dans de nombreux contextes donne l’occasion aux enfants d’interagir avec des agents logiciels, augmentant ainsi leur champ d’expérience conversationnelle avec un nouveau genre de partenaire social : les Agents Conversationnels
Animés (ACA). Les ACA sont des interfaces ergonomiques et particulièrement démocratiques car elles ne nécessitent aucune connaissance informatique. Avec leurs caractéristiques anthropomorphiques, les agents conversationnels sont incarnés par des personnages animés aux compétences multimodales (langage naturel, expressions du visage, regards, attitudes et gestuelle). Pour autant, très peu de travaux sont réalisés pour préciser les caractéristiques des interactions / enfant et agent conversationnel. 

Les rares travaux portant sur le sujet montrent qu’interagir avec un agent conversationnel permet une meilleure attention de la part des enfants au développement typique. En effet, ils construisent un dialogue plus distinct et plus efficace (plus clair, moins de répétitions, avec une meilleure articulation). Par ailleurs, une première recherche avec des enfants autistes montre que ces derniers acceptent avec facilité l’interaction avec un agent virtuel. Dans cette étude, les enfants atteints d'autisme sont capables de co-construire une narration en interaction avec l’agent virtuel alors qu’ils n’y contribuent pas lorsqu'ils sont en interaction avec leurs pairs. Nous pensons que ces résultats sont liés aux particularités de l’agent conversationnel : les indices para-linguistiques sont moins nombreux, le discours est plus ciblé car le cadre conversationnel est contraint et la vitesse du déroulement de l’interaction est moindre. Ainsi, par rapport au cadre d’une interaction naturelle, le nombre d’informations à prendre en compte est moins important. Selon nous, les enfants dont les habiletés socio-communicatives sont défaillantes (ou en deçà du niveau attendu pour leur âge) pourraient exploiter davantage leurs habiletés et les
renforcer lors d’une interaction avec un agent virtuel. 

Notre objectif est d’observer les interactions dans un cadre expérimental, le plus écologique possible. Pour cela, nous utilisons le paradigme du magicien d’Oz qui consiste à placer une personne devant un agent virtuel qui est, en réalité, piloté à distance par un humain. La personne pense ainsi être en interaction avec un agent autonome alors qu’elle est en interaction avec un humain, via l’agent virtuel. Le puissant avantage de ce paradigme est que l’agent virtuel conserve ses caractéristiques, et nous permet ainsi de saisir les comportements spécifiques de l’enfant en interaction avec un agent virtuel et
ainsi définir la nature de cette interaction.

Site web: 
http://nareca.litislab.fr/
Laboratoire: 
Financement: 
Année: 
2015
Axes de recherche: